Description
Lavinia: ce prénom à consonance italienne d’origine latine évoque à lui seul un monde poétique, aux senteurs d’agrumes et de miel. Avec cette série, FLORE nous mène sur les traces d’un Grand Tour en Italie, un peu comme celui que faisaient les artistes romantiques du XIXème siècle : la technique qu’elle emploie, le léger flou et le grain des images, leur coloration qui rappelle les autochromes, tout contribue à nous faire voyager dans le temps.
Comme toujours chez FLORE, chacune de ses séries renvoie vers une part de son être, comme si celle-ci prenait racine dans une histoire plus grande et plus ancienne, comme si elle avait hérité du passé des autres et qu’elle voulait nous le faire vivre. Ici encore, cette part intime existe bel et bien : en vidant la maison de sa tante elle trouva un ensemble de lettres, traces d’une longue amitié que cette dernière entretint avec une italienne prénommée Lavinia.
Habitée par cette correspondance, FLORE sillonne l’Italie depuis dix ans. Voyage intérieur et initiatique, Les rêveries de Lavinia nous mène de la côte Amalfitaine à la Sicile en passant par Florence, Rome, Naples, Milan, Turin, Venise et le Lac Majeur… Empreintes de mélancolie, suspendues dans le temps, les photographies stimulent l’imagination et racontent l’histoire intemporelle d’un amour passionné, composée de déambulations dans les palais de la Renaissance italienne et leurs jardins. Des sculptures classiques viennent personnifier des amants, et le voyage est ponctué de paysages lumineux et de natures mortes délicates. Ces points de vue, propices à l’introspection, sont accentués par le détail sensuel des gestes et des sentiments figés dans le marbre, éveillant tous nos sens : on perçoit le velouté de la pierre, la fraîcheur de l’ « Aqua Alta », le goût sucré du raisin et l’odeur du citron, on entend le chant des oiseaux et le froissement des draps, on ressent la caresse d’une main et la douceur du soleil un matin d’été. Chaque photographie met ainsi en parallèle l’esthétique du sublime et les sentiments, dans la plus grande tradition de l’art romantique. Et comme pour élargir le spectre des sensations, les supports se diversifient : la pierre et la soie remplacent parfois le papier pour créer un ensemble cohérent, où les éléments se suivent, se répondent et s’imbriquent comme les pièces d’un puzzle. Le tout forme une histoire nourrie d’instants fugitifs et éternels à la fois, que la photographe parvient à capter et qu’elle nous offre comme on offre son cœur.
Emmanuelle de l’Ecotais
Lavinia : this Italian sounding name of Latin origin evokes in itself a poetic realm, scented of citrus and honey. With this series, FLORE walks in the steps of a Grand Tour of Italy, much like that undertaken by 19th-century Romantic artists : her adopted technique, the slight blur and the grain of the images, the coloring reminiscent of autochromes, all contribute to a journey back in time.
As ever with FLORE, each series refers to a part of her being, as if it were rooted in a larger, more ancient history, as if she had inherited others’ pasts and wanted us to experience it. Here again, this intimacy is quite present : found while clearing out her aunt’s house, a collection of letters trace a long friendship between her aunt and an Italian woman named Lavinia.
Inhabited by this correspondence, FLORE has wandered Italy for the past ten years. Les rêveries de Lavinia takes us from the Amalfi Coast to Sicily, via Florence, Rome, Naples, Milan, Turin, Venice and Lake Maggiore. Imbued with melancholy, suspended in time, the photographs spark the imagination and tell the timeless story of a passionate love, composed of strolls through Italian Renaissance palaces and their gardens.Classical sculptures personify lovers, and the journey is punctuated by luminous landscapes and delicate still lives. These points of view, conducive to introspection, are accentuated by the sensual detail of gestures and feelings frozen in marble, awakening all our senses : one perceives the velvet-like stone, the freshness of « Aqua Alta », the sweet taste of grapes and the scent of lemon, hears birdsong and the rustle of sheets, feels the caress of a hand and the summer’s gentle morning sun.Each photograph parallels the aesthetics of the sublime with feelings, in the grand tradition of Romanticism. As if to expand the spectrum of sensations, the materials are varied : stone and silk at times replace paper to create a coherent whole, where the elements follow one another, respond to one another and interlock like the pieces of a jigsaw puzzle. Together, they form a story of fugitive yet eternal moments captured by the photographer, extended to us like a piece of her heart.
Emmanuelle de l’Ecotais
Artiste photographe franco-espagnole, FLORE est née en 1963, elle vit et travaille actuellement entre ses deux ateliers à Paris et dans les Hauts-de-France.
Lauréate en 2018 du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière en partenariat avec l’Académie des beaux-arts, elle réalise ses travaux sur le long cours, souvent lors de voyages. Ses œuvres ont fait l’objet d’acquisition et d’expositions dans différentes institutions comme le Musée du Petit Palais, la BnF, le MMP+ de Marrakech ou le Mémorial de Rivesaltes.
Par des interventions techniques raffinées en laboratoire, en alchimiste même, FLORE façonne tout autant qu’elle restitue le monde qui se déploie sous ses yeux pour en faire des images uniques qui s’éloignent de la réalité photographique conventionnelle, créant une fusion entre le fond et la forme.
Elle questionne ainsi le médium photographique en passant avec aisance des techniques les plus anciennes comme le platine-palladium ou le cyanotype, aux plus modernes, en les mixant parfois et en intervenant physiquement sur les tirages avec de la cire, de l’or ou des pigments. FLORE est totalement engagée dans la quête de la mémoire et réalise des images qui tentent de recréer de la vérité à la place d’un réel qui s’efface peu à peu.
Loin de toute nostalgie, son travail teinté de mélancolie interroge le statut de l’image dans nos sociétés contemporaines et tente de proposer une alternative aux tourments du monde en invitant le spectateur à rentrer dans son monde poétique.
She questions the photographic medium by switching with ease from the oldest techniques such as platinum-palladium or cyanotype, to the most modern, sometimes mixing them and physically intervening on the prints with wax, gold or pigments.
FLORE is totally committed to the quest for memory and makes “non-sensational” images that attempt to recreate truth in place of a reality that is gradually fading away.
Far from nostalgia, her work tinged with melancholy questions the status of the image in our contemporary societies and tries to propose an alternative to the torments of the world by inviting the spectator to enter her poetic world.
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